
La politique énergétique de l’Algérie, longtemps perçue comme un atout stratégique en raison de ses ressources naturelles, suscite de plus en plus de critiques en raison de son manque de cohérence et de flexibilité face aux exigences mondiales. Un rapport du think tank italien ECCO dénonce les contradictions qui marquent la gestion du secteur énergétique algérien, notamment l’incapacité du pays à s’adapter aux nouvelles normes environnementales et aux dynamiques régionales. En dépit d’un potentiel indéniable, notamment dans le domaine du gaz naturel, des énergies renouvelables et de l’hydrogène vert, l’Algérie semble aujourd’hui à la traîne, prise entre une gouvernance centralisée et des choix diplomatiques qui compliquent son intégration dans le marché énergétique global.
Malgré des ambitions affichées, telles que la production de 30 à 40 TWh d’hydrogène vert d’ici à 2040 et un objectif de 27 % de renouvelables dans le mix énergétique d’ici à 2035, l’Algérie tarde à concrétiser ces projets. Le rapport ECCO dénonce l’absence d’un cadre réglementaire clair, ce qui, associé à une prise de décision excessivement centralisée, empêche toute avancée réelle. La situation est d’autant plus préoccupante que les investisseurs et les partenaires internationaux réclament désormais plus de prévisibilité et de transparence.
Les choix diplomatiques de l’Algérie, notamment le non-renouvellement du contrat du gazoduc Maghreb-Europe en 2021, ont aggravé son isolement stratégique. Cette décision a privé le pays d’un important corridor d’exportation et à nuire à sa crédibilité vis-à-vis des partenaires européens. Depuis, les exportations de gaz vers l’Espagne ont chuté de manière significative, et l’Italie a également réduit sa dépendance vis-à-vis du gaz algérien, se tournant vers d’autres fournisseurs.
Pour ECCO, la solution passe par une transformation institutionnelle et une ouverture aux standards internationaux. Le rapport met en lumière le danger d’une stratégie énergétique désorganisée, qui condamne l’Algérie à une position de stagnation et à la perte de son influence régionale. L’avenir énergétique du pays semble compromis tant que des réformes profondes ne seront pas entreprises pour moderniser son secteur et restaurer ses relations avec les partenaires internationaux.
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Nicolas Barry