
En signant un décret présidentiel interdisant l’entrée des États-Unis aux ressortissants de 19 pays, Donald Trump ravive une politique migratoire musclée qui avait marqué son premier mandat. Cette mesure, qui prendra effet le 9 juin, touche des États aussi divers que l’Afghanistan, l’Iran ou encore le Venezuela, sous prétexte de lutter contre les “vulnérabilités sécuritaires”. Le retour de cette rhétorique sécuritaire, à travers une interdiction aussi large qu’hétérogène, traduit une volonté de durcissement de la part de l’administration républicaine, désormais pleinement engagée dans la bataille électorale.
Ce nouveau “travel ban” se distingue par son ampleur et son caractère stratégiquement hybride. En incluant à la fois des pays en conflit, des États faiblement gouvernés, et des régimes politiquement rivaux de Washington, Trump élargit sa doctrine au-delà de la logique religieuse ou migratoire. La Maison Blanche affirme vouloir protéger la nation contre des “menaces extérieures”, sans pour autant détailler les risques spécifiques associés à chacun des pays visés. Cette absence de transparence alimente les critiques d’une manœuvre politique plus que sécuritaire.
Les réactions ne se sont pas fait attendre sur la scène internationale. Plusieurs pays ciblés ont dénoncé une mesure discriminatoire, tandis que des ONG s’alarment d’un retour aux pratiques stigmatisantes de 2017. À l’époque, un décret similaire visant principalement des pays à majorité musulmane avait suscité des recours judiciaires massifs. La comparaison entre les deux épisodes souligne une continuité dans la stratégie de gouvernance par décret et une volonté assumée de cliver l’opinion publique, tant aux États-Unis qu’à l’étranger.
En toile de fond, l’enjeu électoral domine. À quelques mois de l’élection, Donald Trump cherche à galvaniser son électorat conservateur en réactivant le discours de la nation menacée de l’intérieur comme de l’extérieur. Ce décret, plus qu’une mesure de politique étrangère ou de sécurité nationale, apparaît comme une arme de campagne. Mais cette stratégie n’est pas sans risques : elle pourrait raviver les tensions internes et relancer une série de batailles judiciaires, dans un climat politique déjà extrêmement polarisé.
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Nicolas Barry